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En Août 2005, nous découvrons l’existence du Qhapaq Ñan, la « Route royale » en quechua, grâce au livre de Ricardo Espinosa qui relate sa marche sur le chemin mythique, depuis Quito en Équateur jusqu’à La Paz en Bolivie.
Cette gigantesque colonne vertébrale de plus de 6.000 kilomètres de long s’étalant du Sud de la Colombie actuelle au milieu de l’Argentine et du Chili, en passant par le Pérou et la Bolivie, constituait alors l’axe principal du projet politique et économique de l’Empire inca.
Au-delà de ce chemin principal andin qui traversait la Cordillère, s’étendait tout un vaste réseau de routes incas : de nombreuses voies transversales le reliaient à la côte et au bassin amazonien, tandis qu’un axe secondaire, parallèle, longeait la côte désertique depuis Tumbez au Nord du Pérou jusqu’au Chili. Comme le décrit Adriana von Hagen, la fille de l’explorateur Victor Wolfgang von Hagen et la co-directrice du musée de Leymebamba (Pérou), ce réseau « était un des plus importants miracles d’ingénierie jamais entrepris dans le Nouveau Monde, rivalisant avec le système de routes romaines dans le Vieux Monde ». Le fameux « Sentier de l’Inca », qui relie la Vallée sacrée de Cuzco à l’illustre Machu Picchu, n’en est qu’une minuscule portion.
Ce patrimoine archéologique d’une valeur incomparable existe toujours aujourd’hui, mais est en danger imminent de disparition.
Devant ce constat d’urgence, nous décidons de partir à notre tour explorer cette route extraordinaire.
Sans soutien logistique, nous nous lançons ainsi dans le projet le plus long et le plus difficile que nous ayons jamais entrepris : marcher dans les Andes pendant un an et demi, à la recherche de la Grande Route Inca, du Nord de l’Équateur jusqu’au mont Aconcagua en Argentine, et par là même devenir les premiers Européens à suivre et documenter l’intégralité de cette route légendaire depuis la Conquête espagnole.
Ce voyage a pour objectif de faire découvrir ce géant endormi et oublié des hommes, candidat à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, et de constater les enjeux qui lui sont associés.
Le défi est de taille : plus de quatre-vingts pour cent du chemin se situe au-dessus de 3 000 mètres d’altitude, sillonnant de profondes vallées encaissées, des déserts, des plateaux inhabités… Malgré l’imprécision des informations récoltées dans les textes des chroniqueurs espagnols ou des cartes, nous allons tenter de reconstituer ce vaste puzzle, en nous aidant des recherches scientifiques des archéologues, des historiens et des spécialistes, et aussi avec le soutien des communautés andines dont nous serons tributaires.
Laurent Granier, Megan Son
Nous nous sommes rencontrés à Séoul il y a plus de 4 ans et avons décidé de partir ensemble à la découverte du continent américain. Megan est américano-coréenne, Laurent est français. Avec notre grand ami Philippe Lansac, nous avons traversé l’Alaska à cheval sur les traces des pionniers de la ruée vers l’or, puis sommes repartis sur les traces de la première expédition à l’ouest du Mississippi, celle de Lewis et Clark, en canoë, à pieds et à cheval. Nous avons ensuite continué en solo pour un grand voyage dans le Monde Maya, avant de découvrir dans un livre de Ricardo Espinosa cette fabuleuse route des Andes…
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